Il était une fois un flic
(Mons-en-Barœul, 2015)
Se peut-il que plus jamais on n'entende résonner le mythique « Navarro, j'écoute » ? que pour l'éternité demeure bloqué au rouge le feu qui régulait l'antre, passablement achalandé, du fringant commissaire ? C'est que le plus médiatique des pieds-noirs aurait définitivement raccroché. Depuis, le billard a les boules, le divisionnaire Waltz tourne en rond et le milieu, lui-même déboussolé, en est réduit aux pires extrémités. Et que dire de Yolande, que notre homme avait vue grandir comme s'il se fût agi de sa propre fille ? de ceux qu'étonnamment il appelait ses mulets et à qui manque, aujourd'hui, le bât d'antan ? du médecin légiste, alias le toubib, lequel n'a plus dorénavant que son spleen à disséquer ?
Il se trouvera bien sûr des iconoclastes pour insinuer que, comparé à ses rivaux yankees, ce polar à la française était empreint de ringardise : alors qu'à New York on cuisinait l'acide désoxyribonucléique (l'ADN, pour les intimes), traquait les zones tachées de sang et de sperme à l'aide de lampes à rayons ultraviolets, prélevait phanères et sphacèles négligemment abandonnés sur la scène de crime, s'en remettait aux muscidés et autres insectes assoiffés de macchabées pour supputer la date du décès, à Paris ne s'entêtait-on pas à privilégier planques, filatures et interrogatoires, dans un décor et une atmosphère surannés que n'auraient pas désavoués les bourres moustachus des Brigades du Tigre.
Mais ces préventions anachroniques à l'égard des bébelles high-tech de la science forensique n'étaient-elles pas pour beaucoup dans le charme ineffable et, pour tout dire, indémodable de la série ? De la grande gueule à la faconde méditerranéenne sortait, plutôt que le creux tonitruant d'un condé d'opérette, une voix que l'on eût étiquetée de rogomme si, autrement que l'alcool, elle n'avait conté les fêlures de l'existence. Ce Navarro d'Hanin fleurait bon le navarin d'agneau, que servait l'accorte Ginou sur de proprettes nappes amarante. Et n'en doutons pas : c'est de cet effluve-là que resteront imprégnées nos choanes longtemps après que le parfum enivrant mais volatil de ces esbroufeurs d'experts aura disparu...
Auront été épelés : Navarro, Waltz, Yolande, Hanin et Ginou.
TEST
Saurez-vous écrire le nom de ces quinze équidés, venus exprimer leur sympathie aux célèbres « mulets » du commissaire Navarro ?
ânon, mustang, zèbre, tarpan, onagre (fin pour les juniors) ;
camarguais, limonier, pottock ou pottok, genet, hipparion (fin pour les adultes amateurs) ;
hémione, cob, mérens, lipizzan, (cheval de) Prjevalski (fin pour les adultes professionnels).