Une passion coupable

(1993)

D'où lui venait cet intérêt pour la bande dessinée, on n'en savait rien. Toute petite, avant même qu'elle sût lire couramment, elle s'était enflammée pour les exploits d'un journaliste aux cheveux orange, au point d'apprendre par cœur les vingt et un albums de la collection. D'emblée, l'avaient attirée les personnages les plus excentriques : le capitaine qui se soûlait deux fois plutôt qu'une ; le savant dont l'immortel pendule indiquait invariablement l'ouest ; sans oublier ces détectives, plus volubiles que futés, dont le héros se serait volontiers débarrassé ! Plus tard, s'étaient succédé, au hasard des raids dans la bibliothèque paternelle, l'employé nonchalant qui prenait son bureau pour un polochon, les gnomes bleu ciel et leur mystérieux jargon, le gros plein de soupe qui faisait toujours bonne chère... Notre lectrice faisait ses choux gras de tout. Non que lui échappât l'extravagance de certaines intrigues mais, si artificiels que lui parussent les épilogues, elle les jugeait toujours préférables à ces descriptions, pour tout dire rasoir, qui défiguraient la plupart des romans. Certes, ses professeurs s'offusquaient de ce détestable penchant mais n'en faisaient-ils pas autant, en tapinois ? Les adultes, c'est bien connu, sont capables de tout...

 

TEST

Si la bande dessinée n'est pas faite pour les chiens, la gent canine s'y est taillé la part du lion : de ce coquin de cocker à la mascotte lilliputienne des Gaulois, en passant par le chien policier que paralysent la peur et le coryza, ces incorrigibles toutous, quels qu'ils soient, ne sont pas les derniers... à faire des niches !