Finale des Dicos d'or à Beaubourg

Le Nord à l'assaut du Centre

Finale nationale 1999
(Centre Pompidou, Paris)
samedi 15 janvier 2000

Ils seront sept, ce samedi, à représenter la région dans l'antre rénové du Centre Beaubourg. Mais il s'en est fallu de peu que l'on n'écrivît elles : sur ces sept finalistes, tous du Nord, on ne compte pas moins de six sociétaires du beau sexe. Voilà qui devrait attiser les foudres de Ségolène Royal contre la règle, selon elle inique, qui veut que le masculin l'emporte toujours sur le féminin en matière de grammaire... Grâces soient rendues, en tout cas, à Jean-Philippe Montoya, de Bondues, d'avoir, sur ce coup-là, sauvé l'honneur des mâles ! Ce professeur d'anglais, qu'inspirent visiblement les lieux de culture — il a disputé sa première finale, en 1994, à la Très Grande Bibliothèque —, espère que Pompidou lui sera plus favorable que Mitterrand. Sur le front des âges, la situation est heureusement plus contrastée : on n'ira pas jusqu'à prétendre que la dictée se pratique de sept à soixante-dix-sept ans (aucun de nos finalistes n'a d'ailleurs l'intention de faire tintin ce soir), mais presque ! De la benjamine dunkerquoise Julie Breton (douze ans), qu'une allergie tenace au tréma conduit à mettre les points sur les i et à nous confier qu'elle n'a d'autre ambition que de visiter la tour Eiffel, à la Lommoise Simone Pannequin qui, forte de ses soixante-treize printemps, aborde en toute décontraction sa troisième finale, la tête pleine de sa nouvelle passion pour la généalogie, aucune génération n'a été oubliée. Et l'on se prépare aussi activement à Iwuy, chez la lycéenne férue de littérature Sibylle Lesourd, que prénom et localité de résidence ont habituée depuis longtemps aux sournoiseries du y, qu'à Quesnoy-sur-Deûle, chez Évelyne Mouton, qui avoue devoir à son statut de secrétaire au sein d'une unité de soins palliatifs une maîtrise enviable des termes médicaux. Mais ces derniers lui seront-ils de quelque utilité à Beaubourg ? Aline Vanhaverbeke (treize ans), de Faches-Thumesnil, à qui son Dico d'argent de père a passé le flambeau familial, pense plutôt que le texte de Pivot tournera autour de l'art moderne ou de l'an 2000. Un avis que partage Mlle Enderlé, de Bertry, laquelle, se prénommât-elle Adeline, s'attend à tout sauf à une balade de santé. Ces maudits traits d'union, surtout, hantent ses nuits comme celles des autres nordistes, qui citent encore les consonnes doubles, le genre des noms et le fameux piège de sens cher au maître des jeux. Cela dit, il en faudrait un peu plus pour nous empêcher de rêver : et si, ce soir, ces sept-là étaient d'or ?