Atmosphère tendue à Beaubourg

Une dictée sauce Viagra

mardi 25 janvier 2000

Ni queue ni tête ! C'est le jugement sans appel que les détracteurs de l'orthographe ne manquent jamais de porter sur les dictées de concours, aux scénarios plutôt tarabiscotés, il faut en convenir. Voilà pourtant une légende qui aura volé en éclats le 15 janvier dernier au Centre Pompidou, Bernard Pivot n'hésitant pas à introduire dans le texte de la finale le scabreux ithyphallique, lequel s'applique, depuis les fêtes bachiques de l'Antiquité, au... pénis en érection. Certes, ce n'est pas la première fois que l'animateur des Dicos d'or, dont on connaît le doux penchant pour la provocation, donne des verges pour se faire fouetter : des candidats nous ont d'ailleurs confié que, depuis la fondation des championnats en 1985, ils en avaient affronté de bien plus raides, à commencer par ce « cent d'encres » dans lequel, à Versailles, ils sont nombreux à avoir laissé des plumes et que, par voie de conséquence, ils n'ont jamais totalement digéré. Même souci de dédramatiser du côté du jury, dont les membres se gardaient bien de s'ériger en juges : le mot est tellement joli, commentaient-ils dans un geste d'impuissance, qu'il fallait bien s'attendre que Pivot le sortît un jour ou l'autre ! Est-ce la présence sur le plateau de Raymond Devos, dont les saillies sont coutumières, qui l'y a décidé cette fois-ci ? Ou encore l'ouverture de la dictée aux internautes, que certains sites invitent parfois à naviguer en eau trouble ? Toujours est-il que cette quatorzième finale, qui coïncidait avec le début des soldes, n'a pas marchandé les allusions coquines : outre l'ithyphallique susmentionné, n'y rencontrait-on pas de jeunes actrices mamelues au point de se voir surnommer « silicone vallées », ainsi que des culs-de-lampe qui se retrouvaient cul par-dessus tête ? Et l'on devrait s'étonner que nos concurrents qui, pour passer sans cesse d'un Robert à un autre, ne sauraient évidemment être de bois, se soient quelquefois mépris sur l'orthographe de krak (voir ci-contre) ? Que celui qui, dans un tel contexte, ne serait pas tenté d'écrire (deux fois) crac leur jette la première pierre !