À la fortune du mot
On peut aimer l'an 2000, comme y invite France Télécom, et rester pourtant fidèle... aux postes : c'est que la lettre a un certain cachet, à l'instar des différents noms qu'elle a pris à travers les âges... Florilège :
Lettre (vers 1170). Le mot le plus usuel est aussi le plus ancien ! Conformément au latin litteræ, arum, il s'employa d'abord, en ce sens du moins, au pluriel.
Épître (1174). Talonnant le précédent, cet héritier d'epistula s'est spécialisé dans le vocabulaire religieux. Il est à noter qu'il est féminin, au contraire d'évangile !
Missive (1454). D'abord adjectif — on parlait de lettres missives —, ce dérivé de mittere (envoyer) a été très vite réservé au domaine juridique. On n'y a plus recours aujourd'hui que pour créer un effet ironique ou plaisant.
Dépêche (1464). Si ce mot a parfois concerné le courrier ordinaire, il s'est presque toujours appliqué aux communications officielles transmises par voie rapide.
Poulet (1556). À en croire certains, ce billet (presque toujours doux, cela va sans dire !) tenait son nom de la manière dont il était plié.
Babillarde (1725... ou un peu avant, Claude Duneton faisant prononcer ce mot par le brigand Cartouche, roué vif en 1721 !) L'argot voit toujours dans le facteur un porteur de babillardes...
Pli (1874). Une première métonymie avait ainsi désigné, six siècles plus tôt, le papier plié formant enveloppe. Il ne restait plus, dès lors, qu'à passer du contenant au contenu...
Bafouille (1876). Autre terme familier, rendu célèbre par les poilus de 14... et resté étonnamment vivace !