Un, deux, trois... soleil !
Il n'est point besoin d'en connaître un rayon sur l'étymologie pour deviner ce que certains de nos mots doivent à l'astre du jour. En témoignent d'éclatante façon l'héliotrope et le tournesol, lesquels disent assez, de façon plus ou moins savante, ce qui leur fait tourner la tête. La filiation est beaucoup moins évidente pour le trio que voici...
Éphélide. Chacun aura reconnu, à la suite de Robert, ces « petites taches cutanées, jaunâtres ou brunâtres, apparaissant surtout sur le visage, les mains, les avant-bras, les épaules, pendant l'enfance ou l'adolescence, en général chez les blonds ou les roux » : il s'agit de nos taches de rousseur, que le commun ne dénature pas en en faisant, par euphémisme, des « baisers du soleil » ! Quand il se tapirait... dans l'ombre, le drôle est bien là : le mot signifie en grec « à cause (epi) du soleil (hêlios) ».
Occident. Ne cherchez pas le cagnard là-dedans, il est cette fois carrément... sous-entendu ! Les latinistes auront bien sûr reconnu le participe présent du verbe occidere, « tomber ». Occident est donc tout ce qu'il reste de la locution occidens sol, « soleil tombant ». Il faudrait être... à l'ouest pour ne pas deviner qu'orient (oriens sol, « soleil surgissant ») procède de la même veine.
Phaéton. Le terme, dont le charme désuet souligne combien il a vieilli, a longtemps désigné une petite voiture hippomobile à deux banquettes. Encore s'agissait-il là d'un glissement de sens, l'acception première renvoyant au conducteur dudit attelage. Un certain... Phaéton, fils du Soleil, qui, n'ayant pu arrêter son char (ou plutôt celui de son père, qu'il avait emprunté au mépris de toute prudence), périt foudroyé par Zeus.