À la fortune du mot

< mardi 5 octobre 1999 >
Vocabulaire

Notre vieux Lille n'est certes pas le premier à se voir gratifier d'un trait d'union intempestif : c'est, régulièrement, le cas des noms qui suivent. La soudure est déjà ancienne, mais elle se défait plus souvent qu'à son tour...

Baisemain. Celui-là s'est toujours écrit en un mot... au contraire d'un baise-pied quasi inusité, puisqu'il ne se pratique (pratiquait ?) que sur la personne du pape.

Béribéri. La démarche de ceux qui sont touchés par ladite maladie ressemblerait à celle du mouton... lequel se dit biri-biri en malais.

Contresens. À la différence de non-sens (avec trait d'union) et de faux(-)sens (avec trait d'union chez Larousse, sans trait d'union chez Robert)... Quelle famille !

Crincrin. Avant de s'appliquer à un mauvais violon, le mot a désigné le jouet que constituaient un bâton et un cylindre de carton reliés par un crin. Le tout rappelant le grésillement du grillon, on usa aussi de cri-cri.

Micmac. Grande est la tentation de l'aligner sur des onomatopées telles que cric-crac, fric-frac, tic-tac. En réalité, le bougre, qui dérive du néerlandais, renvoyait primitivement à un émeutier.

Portemanteau. Faites-en un deux-pièces chez Pivot et c'est une veste que vous ramasserez : le mot s'écrit aujourd'hui d'une traite, comme portefaix, portefeuille et portemine !

Trictrac. Parce qu'il évoquait, entre autres bruits, celui de dés que l'on jette, le terme a donné son nom, par métonymie, à un jeu voisin du jacquet.

Zigzag. Pas davantage de trait d'union pour ce sujet d'outre-Rhin (allemand Zick-zack), qui symbolisait à l'origine le va-et-vient d'une scie. Par la suite, le mot s'est appliqué à un assemblage articulé de pièces en losange, s'allongeant et se repliant à volonté.