À la santé du subjonctif !

< mardi 5 novembre 1996 >
Complément

En annonçant, il y a près de deux mois, que la présente colonne serait de temps à autre réservée à la présentation d'associations œuvrant pour la promotion de la langue française, nous ne songions pas à l'inaugurer, nordiste chauvin que nous sommes, par une société sise en Dordogne... Mais comment résister à la lettre pleine d'humour d'une lectrice de Nieppe qui nous signale, à grand renfort de subjonctifs du meilleur aloi, la naissance, à Monpazier, de CORUPSIS (COmité pour la Réhabilitation et l'Usage du Passé Simple et de l'Imparfait du Subjonctif) ? Le mérite en revient à Alain Bouissière, le patron de l'hôtel de Londres, un nom prédestiné pour ce maquisard de la langue... Inutile de dire qu'il a produit son petit effet quand, en avril dernier (que n'a-t-il attendu le 18 juin !), il a, le plus sérieusement du monde, déposé les statuts de l'association nouveau-née à la sous-préfecture de Bergerac. Mais ce qui, à l'origine, semblait s'apparenter à un canular digne de Jules Romains n'en a pas moins séduit les nostalgiques du français classique, lesquels n'ont jamais accepté l'arrêté ministériel félon du 26 février 1901 : ne tolère-t-on pas, depuis cette date, que le présent du subjonctif se substitue à l'imparfait pour faire suite à un conditionnel dans la principale ? Il serait séant que nous bussions, contre-attaque Alain Bouissière, qui espère franchir le cap des deux cents adhésions afin que sa société soit reconnue d'intérêt public... N'hésitez pas à l'y aider : ladite adhésion, symbolique, n'est que de dix francs. Comme le dirait probablement notre grammairien du comptoir, ce n'est pas la mer à boire !