Ne dites plus :
s'empirer
jeudi 4 août 2005
Vous pourriez certes, pour peu qu'on vous cherche noise, vous réclamer de Littré : cette forme pronominale a eu son heure de gloire, et nos classiques en usaient sans vergogne. Il leur arrivait même de gratifier le verbe susdit d'un complément d'objet direct, comme en témoigne encore cette phrase d'Hippolyte Taine citée dans le Petit Robert : « Le souvenir du passé empirait la misère présente. » Aujourd'hui, pourtant, ne subsiste plus que la construction intransitive : un état « empire » mais n'a plus vocation à « s'empirer », sinon dans un style particulièrement relâché. Le lecteur avisé (pardon pour ce pléonasme) remarquera au passage que le verbe bonifier se trouve dans la situation inverse : quand ce serait pour le comparer au bon vin, on ne dira pas, cette fois, que quelqu'un « bonifie » mais qu'il « se bonifie » en vieillissant !