Que de superlatifs tout au long
de cette « parenthèse enchantée » !
On le sait depuis longtemps, il n’y a que le sport pour nous valoir pareilles émotions. Plus que jamais pourtant, ces Jeux olympiques auront mis à rude épreuve notre capacité à traduire ces dernières en mots…
De la cérémonie d’ouverture (« époustouflante », « irréelle », « titanesque ») à nos basketteuses échouant, le dernier jour, à un point et quelques centimètres du « plus grand exploit sportif de toute l’histoire », que d’imagination et de constance dans l’emphase ! Le triomphe initial du rugby à sept paraphé par l’« immense » SuperDupont, le « légendaire » quatre à la suite du « phénoménal » Léon Marchand, l’« extraordinaire » triplé du BMX tricolore, la « renversante » finale du judo devant le Japon, la remontée « stratosphérique » de nos volleyeurs aux dépens de l’Allemagne, l’« héroïque » résistance des frères Lebrun face aux intouchables raquettes chinoises, sans oublier (fi de l’esprit cocardier !) la « dantesque » finale Djokovic-Alcaraz et le nouveau record du monde du « colossal » Duplantis à la perche : tout le lexique y est passé.
Cette course à l’échalote superlative trouvant rapidement ses limites, on aura aussi usé et abusé de l’« incroyable », de loin le premier à l’applaudimètre. Rien de tel que de nier un spectacle dès que les mots échouent à le décrire ! C’est vrai d’une cruauté humaine volontiers qualifiée d’« indicible » par le passé, ça l’est aussi pour ce genre d’événements festifs : combien de sportifs et d’équipes se sont vu qualifier d’« injouables »… « quand ils jouent comme ça » ? Quant à l’atmosphère sur la Butte au passage des coureurs, elle est apparue « indéfinissable » à nos confrères de L’Équipe… Le tout assaisonné, dans la bouche des acteurs surtout, du « juste » des familles, comme pour souligner que l’exagération n’avait pas cours. Ben voyons !
Le dithyrambe n’a pas concerné que les athlètes, le public aussi y a eu droit : on ne s’est pas borné à le trouver « chaud bouillant », la proximité de la flamme aura incité plus d’un commentateur à pousser plus loin la métaphore en le disant « en feu », voire « en fusion ». D’aucuns sont même allés jusqu’à le traiter d’« incandescent » ! Que dire enfin de la « dinguerie » évoquée il y a quelque neuf mois dans ces colonnes, partout chez elle durant cette folle quinzaine olympique ?
Sans nul doute, le réveil sera difficile. Encore qu’avec le retour de la politique politicienne certains superlatifs pourraient rapidement resservir…