La Star Academy a 20 ans :
retour chez
les chasseurs de primes
La nostalgie reste ce qu'elle était, on s'en est récemment aperçu sur TF1 avec ce coup de projecteur sur les années « Star Ac' », à l'aube de ce siècle. Mais quel rapport, objecterez-vous, avec la langue française ?
Eh bien, ce communiqué de la chaîne, repris par l'ensemble de la presse française : « La Star Academy fête ses 20 ans. À l'occasion de cet anniversaire, les anciens élèves, les gagnants, les professeurs et Nikos Aliagas se rassemblent pour fêter ensemble ces 20 ans lors de primes de divertissement exceptionnels ! » Pour l'avoir lu au petit déjeuner dans mon journal préféré, j'avoue m'être demandé, de... prime abord, s'il existait désormais des primes de divertissement comme il en est de risque, d'activité ou de fin d'année...
J'entends d'ici des lecteurs goguenards insinuer que l'ami Ricoré devait n'être point encore passé pour que je ne me fusse pas immédiatement avisé du genre de l'adjectif qui suivait (et par bonheur correctement accordé). Voire, pour les plus malintentionnés, que mes petits déjeuners ne s'arrosaient pas seulement d'eau minérale. Ces vengeances un tantinet mesquines seraient-elles de bonne guerre, je crois plus volontiers que mon cerveau se délectait déjà du parti qu'il pourrait bientôt tirer de ce qui précédait, à savoir de ces gens qui « se rassemblent pour fêter ensemble ». Sûr que, s'ils se rassemblent, ce n'est pas pour fêter la chose chacun de leur côté !
Il n'empêche : il n'y aura pas toujours dans les parages un adjectif pour sauver le sens et la patrie. Combien d'entre vous avaient lu correctement notre titre, ci-dessus ? avaient usé mentalement de la prononciation adéquate ? s'étaient dûment interrogés sur la signification qu'il convenait de lui donner : faisait-on en l'occurrence allusion à l'appât du gain... ou au désir de se produire dans des émissions à une heure de grande écoute ?
L'occasion ou jamais de rappeler cette vérité cardinale : l'anglicisme ne fait pas qu'agacer le patriote de la langue, il menace la clarté — au moins immédiate — du message, surtout quand, comme ici, la graphie du mot importé est en tout point la même que celle de l'autochtone, la prononciation seule permettant de les distinguer.
De rappeler également que ce prime d'outre-Manche, version allégée (je n'ai pas dit light !) du prime time, n'a toujours pas droit de cité chez Larousse ni chez Robert : les guillemets, de ce fait, n'eussent pas été du luxe...