À la Justice, on a
deux ministres pour le prix d'un seul...

< dimanche 27 septembre 2020 >
Chronique

Beaucoup se demandent quel peut bien être le secret du garde des Sceaux pour occuper ainsi à lui tout seul la quasi-totalité de la scène médiatique. La Voix du Nord vous met au parfum : en réalité, ils sont deux !

Il n'aura pas fallu longtemps à votre serviteur (dont, faut-il le rappeler, les initiales sont B. D.) pour remarquer que Castex, ça commence comme Casterman. Dès lors, son gouvernement, faute de nous promettre la Lune, ne pouvait que marquer le grand retour des Dupondt. Marianne aura achevé de nous mettre la puce à l'oreille. Dans un article publié cette semaine, l'hebdomadaire note d'abord que « lentement, mais sûrement, Éric Dupond-Moretti s'installe dans un bras de fer avec les magistrats ». Mais, dès le paragraphe suivant, c'est un Éric Dupont-Moretti qui, lentement toujours, « s'avance sur le gravier du ministère ». La preuve que cette fois, et contrairement à ce qui se passe chez un spécialiste reconnu de l'aménagement, il y en a bien deux !

Pourtant, pour distinguer au premier coup d'œil le Dupont avec « t » du Dupond avec « d », c'est tintin ! Le dernier nommé, le jumeau dominant à n'en pas douter, fait l'essentiel du taf. Mais, occasionnellement, on n'en a pas moins croisé l'autre, celui avec « t », dans les colonnes du Monde, du Figaro, du Journal du dimanche, de Valeurs actuelles, de Gala, d'Ouest-France, de Charente libre, de Sud-Ouest, de L'Indépendant, du Midi libre, du Dauphiné libéré, de La Nouvelle République, de L'Est républicain, de L'Union... et même de votre journal préféré !

C'est notre moyen mnémotechnique, et nous le partageons volontiers : pour s'assurer (trêve de plaisanterie !) que le seul, le vrai, est bien le Dupond avec « d », il suffit de se souvenir que notre homme est avocat et qu'il a consacré sa vie à la défense, avec un « d » là aussi. Mettons-nous à la place d'un homme qui croyait naïvement s'être fait un nom, et qui doit traîner comme un boulet (merci au correcteur automatique de ne pas écrire ici Boulay) ce déficit de reconnaissance. Car je n'en démords pas, quoi qu'en disent d'aucuns pour s'absoudre de leurs propres négligences : défigurer un nom propre est aussi grave que d'estropier un nom commun. Ça l'est même davantage. En ces jours d'égoïsme forcené, le respect d'autrui commence par celui de son patronyme. Si le masque est un mal nécessaire, n'allons pas lui en faire porter un second.