Élu meilleur feuilleton de l'été 2019 :
le mercato !

< dimanche 8 septembre 2019 >
Chronique

Pour le pisseur de copie, le football restera à jamais ce sport privilégié qui ne connaît ni prostate ni temps morts : la saison tout juste achevée, on embraye aussi sec sur le « business » des transferts...

Cette année surtout, le cas Neymar (ce joueur d'exception dont la présence sur les terrains ferait presque moins parler que ses — nombreuses — absences) aura permis à moult médias de tenir tout l'été, loin devant le G7 et les feux de forêt. C'est que la bourre que se sont tirée Real, Barça et Juve pour arracher l'enfant prodigue au PSG avait tout ce qu'il fallait pour ravaler Dallas et son univers prétendument impitoya-a-ble au rang d'une série pour bisounours. Un non-lieu vient d'y mettre fin. Avant de se réjouir du statu quo, plus d'un Parisien guettera la cheville de l'intéressé vers le mois de février.

Le mercato, ça s'appelle. Ne jouez pas trop vite les puristes, le mot, vieux de quelque vingt ans, a désormais son entrée chez Larousse et Robert, désignant arrivées et départs dans les sports d'équipe et dans l'audiovisuel, ainsi que l'époque (les époques, car il en est aussi un d'hiver !) où ça se passe.

En tout cas, voilà l'exemple rêvé pour comprendre pourquoi on va chercher ailleurs ce que l'on a chez soi. Bien sûr, la commission de terminologie peut aller se rhabiller quand elle propose, comme plus congruent à la langue de Voltaire, « marché des transferts » : long, lourd, et pas exotique pour un centime d'euro ! Quant à se contenter du seul marché, traduction littérale, pourtant, dudit mercato, cela soulignerait un peu trop combien les footballeurs sont devenus des mercenaires que l'on achète, prête ou vend à l'encan. À moins de sortir du couvent des Oiseaux, on ne l'ignorait certes pas mais, aurait dit Pagnol, il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. Ou plutôt... aux U12 !

À quelque chose, néanmoins, malheur est bon : pour une fois, ce n'est pas outre-Manche que nous avons fait notre... marché, mais en Italie, comme au bon vieux temps de la Renaissance. Sans doute parce que, dans les années 90, le championnat transalpin brillait encore de mille feux. Il ne reste plus qu'à espérer pour notre langue que la Ligue 1 Conforama, au lieu de se borner à sauver les meubles comme d'habitude, se mettra sous peu à tout casser en Europe. On peut toujours rêver, non ?