Sous les ors de l'Élysée,
le discours
a toujours tenu de la fr...esque !
Trouvât-il un lointain écho dans la « chienlit » de gaullienne mémoire, le « bordel » de M. Macron ne pouvait suffire à faire entrer ce dernier dans la cour des grands. Son récent « croquignolesque », en revanche...
C'est que, s'ils ne sont guère plus qu'une cinquantaine dans notre lexique, les mots en -esque ont toujours eu les faveurs de nos monarques républicains. Chacun se souvient naturellement de l'abracadabrantesque que Jacques Chirac (probablement aidé en cela par le poète Villepin) était allé exhumer chez Rimbaud. Force est d'avouer que ça avait une autre allure que les Pieds Nickelés ! Mais l'homme du 18 Juin avait déjà qualifié de vaudevillesque, au lendemain de la guerre d'Algérie, le retour en France de ceux qu'il se refusait à appeler les rapatriés, et, plus prosaïquement, de cauchemardesque une nuit passée dans un lit trop petit, parmi les moustiques de Brégançon. Plus près de nous, c'est Nicolas Sarkozy qui trouvait la situation à Notre-Dame-des-Champs ubuesque (ce qui l'était surtout, c'est qu'il confondait avec Notre-Dame-des-Landes). Quant à François Mitterrand, il aimait à rappeler, dans son Coup d'État permanent, que les gaullistes jugeaient funambulesque sa politique de ministre de la France d'outre-mer sous la IVe République !
Si nos présidents n'ont pas péché par paroles, ils l'ont fait par actions. Pompidou a dû trouver grotesques les soupçons pesant sur sa femme lors de l'affaire Markovic. Sur le tard, Giscard a commis quelques écrits où le romanesque flirtait avec le rocambolesque (surtout quand il s'inventait une idylle avec Lady Di). Mitterrand, avec sa Très Grande Bibliothèque, a donné dans le titanesque quand ce n'était pas carrément, par pyramide interposée, dans le pharaonesque. Plus terre à terre, Chirac a fait passer à la postérité son appétit gargantuesque et sa passion pour des sumos aux grâces hippopotamesques. François Hollande aura, lui, oscillé entre le donquichottesque (quand il partait à l'assaut des moulins à vent de la finance) et le gaguesque (quand, à la brune, il n'hésitait pas à troquer la salade contre un casque intégral et sa Rossinante contre un vulgaire scooter).
Que dire de Coluche, qui nous fournit pêle-mêle clownesque, grand-guignolesque et canularesque, comme de... DSK, qui sombra dans le sardanapalesque ?
On nous objectera que ces deux-là n'ont pas, au bout du compte, validé leur ticket pour l'Élysée. Mais presque !