Si le grain ne meurt
(celui de folie surtout !),
la langue survivra...

< dimanche 31 mai 2015 >
Chronique

Le PSG a bouclé hier soir au Stade de France une saison appelée, pour plus d'un, à rester dans les annales. Quand on aurait tendance à l'oublier, les choses ne sont pourtant pas toujours allées de soi, tant s'en faut !

Remontent plus particulièrement à la mémoire les propos qu'avait tenus l'entraîneur Laurent Blanc au début de cette année, alors que le club se traînait à une quatrième place peu appropriée à son statut : « À la moindre difficulté, on lâche, regrettait-il en conférence de presse. Dès qu'il y a un grain de sel, quelque chose qui ne va pas, ça se transforme en catastrophe... »

En tout cas, la situation devait être grave pour que l'on eût été aussi peu, à l'époque, à relever la confusion commise par celui que l'on surnomme « le Président » : ce dernier voulait sans doute évoquer le grain... de sable, lequel s'introduit dans les engrenages les plus sophistiqués pour les gripper ! Le grain de sel, s'il se met lui aussi là où il ne faut pas, vient plutôt envenimer une situation. Il est le propre de ceux qui veulent sur tout donner leur avis, et pour cela s'immiscent sans vergogne dans une conversation où ils ne sont rien moins que conviés...

Peu importe, après tout ! Ce que l'on demande à un entraîneur (pardon, à un « coach » : nous allions oublier de parler français !), n'est-ce pas de veiller au grain, quel qu'il soit ? Et puis ce que la langue perd en précision, ne le regagne-t-elle pas en poésie ? Qui niera que le sel soit plus propre à épicer une conférence de presse que le sable ?

Laurent Blanc et le microcosme du football (quand bien même celui-ci en serait coutumier) n'ont d'ailleurs pas le monopole de ces dérapages non contrôlés : c'est chacun de nous qui, un jour ou l'autre, marie la carpe et le lapin, pour le plus grand plaisir de l'auditeur avisé. N'a-t-on jamais vu une goutte d'eau mettre le feu aux poudres ? Ou, tout aussi incongru, une étincelle faire déborder le vase ? Ne s'est-on jamais retroussé les coudes (avec de l'huile de manche, ajoutera l'humoriste, amateur de grain à moudre) ? N'y est-on jamais allé avec le dos de la main morte (alors que, comme on disait chez Maxwell qualité filtre, une cuillère aurait suffi ?) Que celui qui n'a jamais... pêché jette à Laurent Blanc le premier poisson-pierre. Ou quelque chose comme ça !

Le grain qui compte le plus, finalement, n'est-ce pas celui que l'on dit de folie ?