Après la dictée de Fontaine-au-Pire

Du vent, l'orthographe ?

< mardi 17 octobre 2000 >
Chronique

Surtout n'allez pas voir dans ce titre un brin iconoclaste le moindre soupçon de reniement : seulement le constat, de plus en plus patent, que la dictée affectionne le gros temps. On la savait, en cette période automnale, dans le vent — il n'est besoin, pour s'en persuader, que de parcourir notre colonne de gauche ; on n'avait point encore mesuré combien elle se sentait dans son élément dès lors que se déchaîne la tempête. C'est chose faite depuis la dictée de Fontaine-au-Pire du 1er octobre dernier. Une manifestation, n'en doutons pas, appelée à devenir très vite une référence en matière de participation, de dotation et d'accueil (bravo, monsieur le maire !). Mais, surtout, un très beau texte, long et terriblement difficile (chacun sait que son auteur, notre Dico d'or maison Michèle Balembois, ne manque ni de souffle ni d'air), qui, de Borée en Éole, sema les pièges à tout vent. On ne s'apitoiera pas outre mesure sur le sort des infortunés candidats, quand, tour à tour canardés de beurrés talés, d'apis cotis et de bogues pareilles à des plommées miniatures, certains, eu égard au contexte, se seraient senti subitement gagner par la dépression : pour troquer ainsi, et de plein gré, les zéphyrs druckériens d'une paisible journée dominicale contre les aquilons de la syntaxe française, ne faut-il pas, de toute façon, avoir un grain ? Autan en emporte le vent, dira par conséquent le lecteur de La Voix du Nord un tant soit peu porté sur le calembour vaseux. Plus sérieusement, l'historien du genre fera observer que la toute première dictée de Pivot, en juin 1985, contait déjà par le menu les effets dévastateurs d'un cyclone (pas d'accent circonflexe, s'il vous plaît) sur un tournage ; et que la toute dernière, celle de janvier 2000, faisait encore ses choux gras des bourrasques de la fin d'année, allant, on s'en souvient, jusqu'à condamner à l'horizontale des statues ithyphalliques que l'on avait connues plus altières. Qu'en sera-t-il de la prochaine aux Sables-d'Olonne, programmée la veille du départ du Vendée Globe ? Gageons qu'il y aura une fois de plus du vent dans les voiles... On vous fait la bise en attendant !